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Faut-il faire l’autruche et attendre que la crise passe ?

En ce temps de préparation budgétaire pour l’exercice 2023 le contexte est pesant et peu reluisant :

Une inflation qui borde les 6% depuis le début de l’année et des concours financiers de l’Etat qui ne sont pas indexés (ils sont malins à Bercy avec il vont presque pouvoir récupérer les 10 milliards d’Euros qu’ils comptent récupérer sur les dotations aux CT sur leur budget 2023 )

Cette inflation impacte l’achat des denrées, matériels et autres charges à caractère général et le chapitre comptable O11 s’envole car les collectivités, comme les ménages, participent activement à la consommation dans notre Pays.

Pour l’énergie ce n’est plus un envol c’est un catapultage genre SpinLauch avec des augmentations estimées entre 50, 100% et plus pour l’année prochaine.

Et j’allais oublier, car c’est avant tout une bonne nouvelle pour les agents et les élus, le point d’indice a été revalorisé de 3,5% au 1er juillet de cette année et là c’est le chapitre comptable 012 qui tremble.

Bon, abordons maintenant les pistes pour tenter de boucler le BP 2023 (et je ne vous parle pas des difficultés pour 2024, 2025 et 2026. A ce rythme là pour être candidat la préfecture demandera un BAC +5 en gestion et une expérience significative en management 😂 pour 1/3 de la liste candidate aux prochaines municipales, si il y a encore des candidats !)

Tout d’abord, et c’est bien naturel, espérons que le conflit Ukrainien s’arrête vite et que cela jouera sur le coût des matériaux pour les projets d’investissement prévus sur la 2ème partie du mandat.

Ensuite, pour ceux qui croient encore au Père Noel, l’Etat va peut être doter les collectivités d’un fond de soutien face aux couts des énergies, mais rien n’est moins sure.

Votre Maire a un contact privilégié avec Vladimir Poutine, a le 06 d’Emmanuel Macron, de Bruno Lemaire ou de Gabriel Attal ?

Ou peut être  le mail de Tony Stark (vous savez c’est le génial inventeur et milliardaire sous l’armure d’Iron Man) pour vous procurer une pile radioactive à particule Béta pour chauffer les équipements municipaux et faire rouler le parc de véhicule de la commune.

Non, alors arrêtons là les hypothèses exogènes et faisons nôtre une célèbre citation de Marc Aurèle :

“Puis-je avoir la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses qui peuvent l’être et la sagesse d’en connaitre la différence.”

Donc, avec courage, comme le dit Marc Aurèle, voilà quelques pistes sans ordre de priorité :

  • Augmenter la taxe foncière. C’est jouable si elle n’est pas déjà trop forte mais politiquement très risqué, on en re-parle en 2026 si vous vous représentez. D’autant plus qu’il y a eu cette année une revalorisation significative de 3,4% des bases locatives dont vous bénéficiez et qui impacte déjà les propriétaires de votre commune.
  • Augmenter vos tarifs (cantine, spectacle, entrées piscine ou patinoire…). Pas très acceptable lorsque l’on sait que le pouvoir d’achat des plus fragiles est aussi très impacté ou alors en ne le faisant qu’au coefficient familiale comme pour le paiement des journées à l’accueil de loisir.
  • Baisser encore plus la température dans les équipements (je ne voudrais pas être l’agent d’accueil qui va gérer les doléances).
  • Acheter mieux, peut être en se regroupant.
  • Investir dans l’amélioration énergétique des batiments communaux pour réduire la facture. Une injonction paradoxale pour certains élus car il va dépenser et ça ne se verra pas ou peu (une question : être Maire c’est forcément faire des choses qui se voient ?).
  • Fermer des équipements et des services. C’est brutal mais quand on doit ouvrir un centre aquatique en 2023 (déficit estimé supérieur à 500k tous les ans) la question peut se poser au regard du contexte. C’est la même chose avec un nouvel équipement culturel. On commence d’ailleurs à voir des piscines d’été transformées en skate parc en Touraine, il y aura bientôt des tiers lieux à gestion privée (associative ou scoop) dans des salle des fêtes ou des théâtres.
  • Ne pas viser la 4ème étoile des ville fleuries. Lorsque à la fin du mois on n’a plus de sous à la maison qu’est qu’on fait ? Et Bien on priorise les dépenses (et j’ai rien contre les fleurs c’est un exemple 😁).
  • Gérer différemment et pourquoi pas hybrider comme le propose Gabriel Halpern avec plus d’EPL pour reprendre un peu la main sur l’eau, l’énergie, l’aménagement, la gestion et rendre fongible des budgets. Ou signer des contrats avec des bailleurs qui veulent investir sur la commune et accepter de ne pas être propriétaire des murs mais offrir aux habitants un nouveau service (J’ai un super exemple avec la maison de santé et les logements créés à Artannes sur Indre quand j’étais Maire)
  • Mutualiser entre les communes et arrêter la surenchère territoriale. On parle même de marketing territorial pour “draguer” encore mieux l’usager (client ou pas d’ailleurs) et vraiement penser l’aménagement du territoire sur des critères objectifs et pas liés au pédigré (et mandats) du Maire. Au fait ça ne devait pas servir à ça les EPCI ?
  • L’avenir c’est peut être le passé et le camping-car peut apporter les services publics au plus près de l’usager (maison France Service, illectronisme, biblio, sport…). Allez, tous son bassin mobile de natation qu’on dépose à coté de l’école.
  • Diminuer le travail administratif de back office, qui n’apporte pas une grande plus-value à l’usager. Pour se faire, réduire le process administratif (sur-sécurité, sur-contrôle, sur-sur…), vraiment intégrer des process informatiques (pas simplement utiliser zoom et dire qu’on est au top) avec des briques métiers pour un véritable ERP (Entreprise Ressources Process) et une maitrise de la data. Développer la culture managériale. Revenir peut être aussi sur des missions plus prioritaires (sans oublier sport et culture, regardez mon parcours quand même 😉). Et in finé apporter un service adapté et réussir à réduire le nombre de personnels sans trop rogner sur la qualité de service (bon là j’en ai froissé certains mais c’est un dossier déjà ouvert, et souvent pas très bien d’ailleurs, car le chapitre comptable O12 pèse fortement sur les charges de fonctionnement des collectivités)


Et vous vous en dites quoi en tant qu’acteur du secteur public (Agents/Elus) ?

Et en tant que contribuable ?

“Tout ce qui en me tue pas me rend plus fort”. Est-ce que cette citation de Nietzsche  s’applique aux Mairies, l’avenir nous le dira mais rassurez vous “la nature à horreur du vide” (Aristote).